Les Tribulations 3 – Vagabondages entre Bangkok et Ayutthaya

Publié le par marie blondinette

Jour 6 :

 

 

Une grosse journée touriste nous attendait ce jour-là. Nous avions en effet prévu de parcourir tout Chinatown, puis de redescendre le long de la Chao Praya par Little India et le vieux quartier Farang, où se trouvent de jolis bâtiments coloniaux. Nous prendrions ensuite, à la tombée de la nuit, la rue de Silom avant de tranquillement retourner nous affaler à la maison. Sacré programme en perspective !

 Après un bon café chaud et âcre, nous partons à la recherche de notre petit déjeuner. Ayant initié les hommes à la nourriture thaïe dès le petit-dej, nous nous installons dans une cantine de rue au bout de Soi 1 : saucisse thaïe, œuf, curry et pousses de bambous. Mes hommes sont heureux, ils ont l’estomac plein.

 Puis nous prenons par erreur un bateau pour touristes sur la Chao Praya. Bah oui, on aurait pas dit comme ça. Une voix grave et crissante hurle dans un micro quelque chose qui pourrait être de l’anglais, et pépie quelques débilités du type : « ce temple a le plus gros bouddha assis ; ce temple là a le plus beau buddha debout ; cette maison à la plus ancienne de cette rue ; et bla bla bla. » Mais heureusement, cela ne dura pas longtemps car nous atteignîmes notre destination en moins de deux (merci service fluvial ultra rapide de la Chao Praya !), et hop Tha Tien !

Nous sommes donc au Sud du Grand Palais, quand tout à coup, j’aperçois un temple MAGNIFIQUE. C’est le Wat Pho, et il est écrit dans tous les guides qu’on doit absolument le voir. Comme Pablito et Chouchou ont déjà eu leur deuxième petit dej de la matinée, je les traîne de force à l’intérieur du temple. Mais je n’ai tout de même pas poussé le vice jusqu’à leur faire payer les 30 baht d’admission pour voir l’énorme buddha géant en or qui trône à l’intérieur de la chapelle bouddhiste. Nous nous contentons donc d’un grand tour extérieur, agrémenté des 150 photos de mise. Comme dans chaque temple thaï, on retrouve les dorures à la limite du kitch, les couleurs fortes et profondes des façades, les bleues, rouges et verts qui ressortent d’autant mieux sur l’ensemble doré des fondations. Des sculptures étranges d’animaux démoniaques ou de petits hommes effrayants se cachent au détour d’un mur, avant de pénétrer dans une allée de bulbes pointus s’élevant vers le ciel. Juste ensuite, alors que nous pensions ne plus rien voir d’aussi joli, se dressent devant nous des tours de forme pyramidales, étonnement hautes, et décorées de morceaux de porcelaines en corolle, comme des fleurs éternelles. Devant tant de beauté, Chouchou et Pablo ont quand même réussi à prendre leur air un peu blasé, mais je les connais, ils ont tout de même apprécié.

 Après cet intermède culturel, nous continuons notre route vers Chinatown, jusqu’à arriver dans une halle de marché géante. Des hommes transportaient de grosses corbeilles remplis de fruits, de légumes et autres petits bonheurs, au-dessous d’un lustre aussi anachronique qu’étrange dans ce lieu si rural. Puis nous entrons dans un dédale de petites allées couvertes, passant par des vendeurs de piments, de poissons et de viande, pour finir par une salle presque gelée où étaient entreposés de gros blocs de glaces. Les allées se transforment peu à peu, imperceptiblement. Des Indiens apparaissent, au milieu des Thaïs et des Chinois. Les odeurs se chargent d’encens, d’ambre et de bois. Quand nous finissons par tomber sur une petite cantine au milieu des rues hors du temps, nous avalons goulûment notre déjeuner : avec une grosse soupe au bœuf qui n’était pas sans me rappeler les bons pots au feu de la maison.

 Nous reprenons notre route, et Chinatown continue avec ses pancartes en Chinois, ses magasins parsemés de sacs géants de riz, moules séchées, herbes étranges. Sur Charoen Krug, une gentille vieille dame vend du café « chinois », avec une table et trois chaises. Une petite halte s’imposait, après les beignets et le sticky rice post-repas que nous venions de grignoter. Quelques temps après, ce sont des boutiques d’antiquité et pierres précieuses qui nous entourent, cœur du quartier Little India. Nous prenons à gauche, dans le quartier farang, et entrons par hasard dans une rue minuscule, presque un chemin privé, qui fait le tour d’une mosquée. Des musulmans sont aux fenêtres et aux balcons, enveloppés par les plantes et les arbres qui ont poussé de partout, dans ce petit paradis pittoresque et discret. Nous longeons ensuite l’Ambassade de France (pas là où je travaille malheureusement !), quand Pablo repère un petit dépôt de bières (dans le même sens que les illustres dépôts de pains de no chères campagnes françaises…) et qui ma foi, avait l’air fort convivial. Nous nous asseyons donc avec les thaïs, dans cette petite ruelle déserte et tranquille, une Leo Bier chacun, profitant du silence des lieux.

Mais il faut déjà repartir, et après un dîner rapide dans Little India, composé de Papaya Salad, nous suivons Silom l’illuminée, pour finir notre quête au O’Reilly où le vieux chanteur thaï nous casse terriblement les oreilles tant il chante faux. Mais au moins, ils servent de bonnes bières fraîches. Et à cet instant, c’est tout ce dont nous pouvions rêver…

Jour 7 :

 

Cette fois-ci, nous nous levons très tôt, au grand bonheur du Gitan. Une folle journée nous attend effectivement : nous partons pour Ayutthaya, ancienne cité royale, ville aux cents ruines ! Dans le train, je me sens toute excitée. Nous mangeons des petits curry over rice en guise de petits déj, alors que le paysage commence à défiler. Au bout de quelques stations, nous quittons Bangkok. Des plaines vertes et des rizières se profilent sur notre droite, alors que je penche oisivement la tête en direction de la fenêtre. A côté de moi, Pablo et Stéphane font leurs super intellectuels, en lisant des bouquins très compliqués.

Enfin, nous atteignons Ayutthaya, où nous nous empressons de louer deux vélos. Oui, oui, vous avez bien entendu, 2 vélos, non pas trois. Il ne faudrait pas non plus croire que j’allais pédaler, je préfère me laisser conduire... Les thaïs ont bien rigolé d’ailleurs, à nous voir ainsi. Alors qu’un monsieur me demanda : « But why ? » Je lui ai répondu : « Because I’m lazy ». Et la dame canadienne, à côté de moi, a dit : « Because she’s lucky ». C’était exactement cela. J’étais une sacrée chanceuse oui, à voler ainsi le long des routes, sur un vélo qui bouge et tournoie un peu trop, ma jupe qui se soulève, mes jambes qui se balancent. Et le petit vent chaud dans le creux de mon cou, et l’air qui sent bon l’odeur de l’herbe au soleil.

Ayutthaya est une petite ville bien tranquille, au confluent de trois rivières. Des ruines de temples gigantesques se dressent sur des pelouses verdoyantes, maintenant immobiles pour l’éternité. Et lorsque l’on voit ces tours détruites, ces restes de beauté et de grandeur, il est difficile d’imaginer Ayutthaya la grande, au temps de son apogée, lorsqu’elle rassemblait plus d’un million d’habitants. Il est difficile de comprendre combien cette cité tranquille dut, il y a quelques siècles, être le centre névralgique de tout un pays, son cœur, sa vie. Les ruines témoignent du destin, du passage terrifiant et inexorable du temps, et d’une beauté passée, révolue, qui pourtant continue encore d’envoûter, même après sa mort. Que serait devenue Ayutthaya sans cette destruction terrible et prématurée ? N’était elle pas plus belle aujourd’hui, romantique cité en ruine, vestige d’un glorieux passé ? Ayutthaya n’a-t-elle pas survécu au temps en mourant, justement, ce jour-là ?

Mes hommes pédalaient, pédalaient, pédalaient encore le long des chemins goudronnés et brûlants. Nous avons vu les ruines, nous avons gravi les temples. Stéphane a même eu droit au passage de ses éléphants chéris. A la fin de la journée, nous avons mangé devant la gare les milliards de petites gâteries qu’Ayutthaya nous réservait. Puis nous avons attendu le train, au milieu des voies, comme tout le monde, alors que la nuit tombait sur nous comme un voile opaque et reposant.

Et puisque tant d’émotions méritaient bien un petit verre, nous avons sorti une des trois bouteilles de vin rouge qui Stéphane a rapporté de France. Avec le gros saucisson et le pâté Leader Price, il n’y avait guère plus heureux que nous.

La belle Ayutthaya ne changera plus jamais, ruines de pierre rouge pour l’éternité.

 

 

Publié dans à Bangkok...

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M
Encore du voyage... hélas je sens qu'on va devoir attendre un peu pour la suite de vos aventures! Marie, profite bien de tes vacances bien meritées!<br /> gros bisous de France, heureuse d'etre rentrée et déja nostalgique de ce que j'ai quitté..
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M
pablo tu sais que j'ai toujours ta serviette ?!! on se verra le 10 février peut être ( je dis peut être car j'avoue être complètement ignorante de ta situation géographique actuelle)<br /> marie ça va ê dur de plus avoir tous ces bons plats thaïlandais à portée de baguettes ... et je parle même pas de maud, complètement droguée au mate  ;-)
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S
Je crois que c'est foutu mec! Marie a disparu sur msn devant mes yeux! Paf sans un mot... Je crois qu'il y avait un problème de récupération des photos, aïe, aïe, aïe<br /> Bon sinon je me dois d'apporter des petites précisions à cet article :<br /> 1) Pablito pédalait bien tranquillement avec son expérience pékinoise (tiens d'ailleurs Marie t'a dit que j'ai fait de la merde avec la mobilette! Un vrai boulet! Je suis décidément fait pour les livres, je les maitrise mieux), j'essayais de rester stable avec ma précieuse cargaison. Journée fatiguante donc car ce boulitos n'a jamais pris le relais!<br /> 2) Chaque soir, Pablo nous informait que "demain je me lève tôt"! Le lendemain matin, nous le retrouvions toujours affaler comme un sale sur son lit canapé, incapable de se réveiller malgré nos incantations répétées! Sale rat
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P
Allez chouchoute plus que deux heures au bureau avant les vacances pour raconter toute la fin. Car sinon quand le feras-tu ?<br /> Au boulot !!!!!!!!!!!!!!!!! (enfin pour nous, pas pour l'ambassade)
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