Les Tribulations d’un Gitan et d’un Chouchou en Thaïlande – Episode 1

Publié le par marie blondinette

Il va m’être difficile de tout vous raconter, mais vous vous en doutiez bien, non ? Ils sont partis maintenant, mais me voici encore devant la page blanche, à m’interroger sur la façon d’aborder mon récit. Je crois que je vais faire une sorte de journal, jour par jour, mais il vous manquera les rires, les odeurs, les illuminations, les énervements, l’air frais qui vient frôler nos épaules, l’herbe râpeuse du Lumpini. Il vous manquera probablement trop de choses pour tout comprendre, mais le temps presse ! Il me faut vous raconter. Bonne lecture donc.

Jour 0 :

Samedi soir vers 1h30, Pablo est arrivé. Je l’attendais devant la Guest House Soi 1, tremblante de froid car la température avait chuté dangereusement au cours de la nuit, jusqu’à atteindre 20 degrés. Tout à coup, alors qu’un garçon totalement inconnu répondant au doux nom de James s’était installé à ma table, j’aperçus Pablo, en grande discussion avec le chauffeur de taxi. J’attends, un peu, puis j’y vais, au cas où Pablo serait déjà ruiné et le taxi driver très fâché. Mais que neni, Pablo venait juste de subir sa première grosse arnaque au pays du sourire, celui des taxis véreux de l’aéroport qui font payer double taxe d’aéroport et double péage de l’autoroute.

Pablo m’avait prévenu qu’il s’était coupé les cheveux, mais je retrouvai avec soulagement sa petite queue de cheval, certes raccourcie, mais toutefois encore existante. Nous partons prendre une bière à la guest house, James se joint à nous, je sors mon super accent anglais qui tue et Pablo me dit que je suis quasi bilingue. Ce n’est pas vrai bien sûr, mais Pablo et moi connaissons bien l’auto-compliment. Et ça fait toujours plaisir. Finalement, nous nous sommes couchés à 5 h du mat après avoir quitté le James vers 3h00. Il fallait bien récupérer le temps perdu (enfin, les deux jours d’absence sur msn surtout).

Jour 1 :

 

C’est presque Noël, mais Pablo et moi décidons d’être de vrais touristes. Après une courte grasse mat pour récupérer de notre coucher tardif, nous partons direction le canal (nommé ci-après le Khlong), car Pablo avait envie de voir de l’eau. Eh oui, il n’y a pas de rivière à Pékin et c’est un grand drame dans la vie de Pablo. Heureusement que mon appartement est situé juste à côté d’un joli canal !Au passage, nous prenons un milkshake à la banane et un jus de tomate-grenadine. S’ensuit la mission navette sur le khlong, ou comment entrer et sortir d’un bateau surbondé en 3 secondes chrono. J’annonce une destination au pif, et nous voilà voguant à toute pompe le long du canal. Nous sortons quelques temps après du bateau, pour marcher le long du khlong et finir (c’est ce que nous espérions en tout cas) par atteindre la Chao Praya tout à l’ouest.

 Tout le long du khlong, il y a une sorte de mini-promenade encombrée par des gens, des fleurs géantes, des plantes suspendues, des petites tables, des bric à brac, des bouts de salons. Comme le BK d’il y a 100 ans, nous avons parfois l’impression de passer chez les gens tant les maisons sont ouvertes. Maisons sur pilotis aux balcons branlants, bidonvilles fleuris, odeurs de fritures qui nous parviennent des woks fumants posés sur le chemin.

Cependant, alors que nous nous sentions comme chez nous, partis à l’aventure, un chien commence à nous courser, en aboyant d’une façon clairement pas avenante. En l’absence d’armes évidentes, comme des cailloux ou un bâton, nous n’avons pas fait nos malins et nous avons vite rebrousser chemin. Je crois que Pablo a dit au chien : « Stresse pas, stesse pas », mais je n’ai pas eu l’impression que le chien ait compris. Quoiqu’il en soit, nous avons continué notre route par la rue, avant de pouvoir décemment reprendre le khlong, loin du chien fou.

Puis nous avons marché jusqu’à Dusit, ce quartier résidentiel et résolument thai, au Nord de Bangkok. Nous avons fini par retrouver un embarcadère, avec le marché de nourriture dont je parlai et le marché aux fleurs dont Pablo parlait. Nous avons fini par comprendre qu’il s’agissait du même embarcadère. Là-bas, des poissons énormes en surpopulation sautaient dans tous les sens, dans l’espoir d’attraper des morceaux de pains que les badauds leur lançaient. Le soleil commençait doucement sa descente alors que nous attendions le bateau. Et c’est en suivant le soleil couchant et les goutelettes de vent que nous avons descendu la Chao Praya.

Fatigués par notre marche intensive, nous sommes ensuite rentrés à la maison munis de bières Leo en guise d’apéro. Puis j’emmène Pablo dans un resto sympa, entouré d’un petit jardin où coulent des ruisseaux artificiels, avec des petits ponts de pierres très jardin japonais post-moderne. On mange à n’en plus pouvoir évidemment, sans champagne ni saumon fumé, mais un bon repas thaï comme il se doit, assorti tout de même d’une bouteille de vin blanc chère et mauvaise. Que ne faut il pas faire pour retrouver l’esprit de Noël ! Nous continuons ensuite notre route et passons devant des décorations de Noël très kitsch. Cependant, une petite musique de Noël au son un peu métallique s’échappe soudain de la maison de Blanche Neige. Etait ce le vin et la bière, et l’idée de passer Noël en Thaïlande, loin de vous, mais nous avons versé notre petite larme. Après tout, il en fallait bien peu ce soir pour nous émouvoir.

Après une rapide tentative auprès du bazar de nuit de Lumpini qui commençait à fermer, nous rentrons chez moi. Au passage, comme il est minuit passé et que la vente d’alcool est interdite après cette heure là, nous nous arrêtons au Family Mart avec nos bières Leo l’air de rien. La caissière enregistre nos bières, l’air de rien également. C’est Noël ! Nos bières et nos cadeaux en main, plus une petite bougie, nous montons sur mon roof garden pour finir décemment Noël. Des étoiles étonnement nombreuses constellaient le ciel ce soir là, au dessus de nous. Et la lune, qui ne fait pas de croissants ici, mais des sourires, brillante et fière, comme un visage.

Publié dans à Bangkok...

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C
Trop chouette cet article chouchoute! Moi aussi j'attends la suite avec impatience, et pusi aussi les photos, pcq ton petit échantillon m'a déjà mis l'eau à la bouche!
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M
mon petit grain de sel : ya un petit cours d'eau à pékin. pas gros mais il existe.et puis il y a des lacs aussi. bien gelés en cette période! hou hai, bei hai...très sympa et prenant ce récit.je me joins au mouvement : "la suite! la suite!"
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F
Evidemment, nous avons remarqué, noté et lu à voix haute, cher Stéphane !Notre Marie, déjà brillante journaliste, s'est transformée en feuilletonniste  (la suite, la suite!) et maîtrise l'art de la chute poétique...
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S
La suite, la suite!!!!<br /> Ah que de nostalgie!<br /> J'espère que tout le monde aura remarqué la magnifique dernière phrase de cet article...
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